14/10/2021 – Jean-Baptiste VAN DER HENST et Rawan CHARAFEDDINE
jeudi 14 octobre 2021, par
Le pouvoir a-t-il un genre ? Les représentations des relations de pouvoir entre les genres à l’enfance.
Date : | 14 octobre 2021 |
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Heure : | 10h30 - 12h00 |
Lieu : | Amphi Paul Collomp |
Résumé
Les études sur les conceptions précoces du genre occultent la façon dont les enfants perçoivent la dynamique de pouvoir entre des individus de genre différent, et se concentrent plutôt sur leur capacité à distinguer les traits, les comportements, les préférences, ou les activités associées de façon stéréotypée à des personnages féminins et masculins. Et lorsque ces études s’intéressent aux représentations enfantines des inégalités de genre, elles font appel à des notions complexes telles que le statut professionnel, l’économie, la politique, qui dépassent largement l’expérience du monde social des plus jeunes (Liben et al., 2001 ; Neff et al., 2007).
D’un autre côté, au cours des dix dernières années a émergé une littérature qui vise à comprendre, à travers différentes méthodes expérimentales, comment les enfants et même des bébés pensent les relations de pouvoir. Ce thème occupe désormais une place importante dans le développement cognition sociale, mais la question du genre apparaît comme le point aveugle. Bien souvent, l’effet du genre des participants n’est pas pris en compte dans l’analyse des résultats. Et quant au genre des stimuli (personnages féminins vs. personnages masculins), il est mal contrôlé : stimuli d’un genre unique pour tous les participants, ou encore stimuli masculins pour les garçons et stimuli féminins pour les filles. Enfin, cette littérature n’aborde guère les relations de pouvoir entre des individus de genre différent. En nous appuyant sur les méthodes de cette littérature, nous avons mené des études sur les conceptions enfantines liant genre et pouvoir (Charafeddine et al., 2020 ; voir aussi Charafeddine et al., 2021). Nos résultats révèlent que dès l’âge de 4 ans les enfants dans différents pays (Norvège, Liban, France) attribuent plus de pouvoir aux personnages masculins que féminins. Ils révèlent également que cette attribution est plus marquée chez les garçons que chez les filles. Néanmoins, ces travaux laissent sans réponse un certain nombre de questions telles que le type de pouvoir que les enfants perçoivent comme davantage masculins ou féminins, les attitudes des enfants vis-à-vis du pouvoir genré et les mécanismes responsables de l’activation d’un concept de soi comme dominant ou subordonné dans les interactions fille-garçon. Je présenterai ces résultats ainsi que des perspectives de recherches à venir.
Références
Charafeddine, R. et al. (2020). How Preschoolers Associate Power with Gender in Male-Female Interactions : A Cross-Cultural Investigation. Sex Roles, 83, 453–473.
Charafeddine, R. et al. (2001). Do Preschoolers Align Their Preferences with Those of a Powerful Individual ? Frontiers in Education, 5.
Liben, L. S., Bigler, R. S., & Krogh, H. R. (2001). Pink and blue collar jobs : Children’s judgments of job status and job aspirations in relation to sex of worker. Journal of Experimental Child Psychology, 79, 346–363.
Neff, K. D., Cooper, C. E., & Woodruff, A. L. (2007). Children’s and adolescents’ developing perceptions of gender inequality. Social Development, 16, 682–699.
Conférenciers
Jean-Baptiste VAN DER HENST (Université de Lyon) et Rawan CHARAFEDDINE (Université de Lyon)