08/01/2026 – Mathilde NOC (!Salle 404 !)
mercredi 19 novembre 2025, par
Le visage du crime : évaluation de l’impact des stéréotypes faciaux sur le souvenir et le témoignage oculaire, via des méthodes theory-driven et data-driven.
Jeudi 8/01/2026, salle 404, 10h30
| Date : | Jeudi 8 janvier 2026 |
|---|---|
| Heure : | 10h30 - 12h00 |
| Lieu : | Salle 404 |
L’impact des stéréotypes faciaux a été révélé à plusieurs reprises dans le monde judiciaire : des personnes dont les traits du visage les font paraître plus "dignes de confiance", ou plus "attirantes", sont moins durement jugées et condamnées que des personnes aux visages perçus comme moins dignes de confiance, ou moins attirants (indépendamment du crime commis). Ces études suggèrent l’existence d’un stéréotype du "visage criminel" et du "visage innocent", pouvant influencer fortement le processus judiciaire. Une autre étape primordiale de ce processus est celle de l’investigation, moment notamment où les enquêteurs et enquêtrices interrogent les témoins pour résoudre l’enquête. Et les stéréotypes (de genre, raciaux, de personnalité) sont connus pour avoir un effet néfaste sur la reconstruction du souvenir, chevauchant parfois les traces de l’événement vécu. L’hypothèse principale était que les témoins, lors de l’entretien, reconstruiraient un souvenir biaisé du visage du criminel, dans un sens stéréotype-congruent. Pour tester cette hypothèse, une étude theory-driven avait pour but d’étudier quels traits du visage étaient associés au stéréotype des visages criminel et innocent (1.A). Les résultats ont permis de révéler qu’un visage pâle, des traits positionnés hauts sur le visage, des sourcils froncés, un nez large, et des yeux en amande, étaient associés à la criminalité (pour un suspect homme-cis caucasien). Ensuite, une expérimentation a permis d’évaluer l’impact de ce stéréotype sur le témoignage (1.B) : lorsque les participant·e·s devaient décrire un homme impliqué dans un scénario criminel (vs. un scénario neutre), ils rapportaient plus d’erreurs stéréotype-congruentes, et évaluaient les traits de son visage comme plus "criminels". Ensuite, une réplication conceptuelle (2) avec de nouveaux stimuli et une nouvelle VD (tâche de morphing) a permis de montrer des résultats similaires. Puis, une étude data-driven (tâche de Reverse Correlation) a permis de révéler les représentations mentales d’un "visage criminel" et du "visage d’un héros" (3.A). Enfin, une expérimentation (3.B) a permis de répliquer les résultats de l’étude 1.B, avec une tâche de Reverse Correlation mesurant la représentation du souvenir. Pour résumer, ces résultats indiquent que la reconstruction du souvenir d’un criminel semble influencée par les représentations/stéréotypes faciaux, ce qui peut nuire directement à la qualité de l’enquête (et dans le pire des cas, entraîner des erreurs judiciaires). Ces recherches invitent à développer des techniques de "débiaisement" qui permettront de limiter l’impact du stéréotype sur le souvenir et le témoignage.
Mathilde NOC
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